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CENTENAIRE

A sa naissance, le 12 août   1916, à Châlons sur Marne, « sous les bombardements »,  au moment décisif de la terrible Bataille de Verdun (21 février au 19 décembre 19016), le petit Marcel hérite du prénom d’un oncle, tué  à la butte de Souain lors de l’offensive de l’Argonne en septembre  1915. Ce prénom sera  bien difficile à porter. Tel René Tardi, Marcel est pris à son tour  à l’âge de 23 ans dans le tourbillon de la guerre de 39-45. Le Jeune aspirant est  alors absorbé par le désir d’égaler la gloire des anciens de 14. La débâcle de juin 1940 le cueille implacablement  et l’expédie pour 6 ans au Stalag IA, au fin fond de la Prusse Orientale à Stablack.  Le 20 janvier 1945 tout comme René Tardi, fuyant l’avancée fulgurante des troupes russes sur le front de l’Est, il se retrouve jeté sur les routes dans ce terrifiant merdier que fut  la débâcle allemande en Pologne, sur les rives de la basse Vistule. Il revient en France le 13 juillet 1945, rempli d’amertume.

Je ne vais pas tenter, pour le centenaire de la naissance de Marcel, de rédiger une quelconque biographie. Il est de fait que les événements qui ont endeuillé sa jeunesse ont profondément marqué, tout au long de sa vie, l’aspirant Marcel - Je me souviens encore confusément des cauchemars de mon père dont je fus témoin enfant - Si on parle maintenant de syndrome de stress post-traumatique des combattants des guerres modernes, combien sont-ils, les anciens combattants  des deux guerres mondiales qui ont hérité de cette pathologie avant qu’on lui donne  même un nom ? Les poilus des tranchées avaient bien essayé de gérer par eux-mêmes l’émoi de leur calvaire en mettant sur papier toutes leurs peurs et toute leur révolte. On sait que  sur  plus de700 écrivains  qui s’étaient trouvés directement engagés dans le premier conflit mondial, environ 450 avaient trouvé la mort.  Mais, en réalité, nombre de combattants qui portaient  aussi sur eux un crayon étaient devenus écrivains par la force des choses  et ceux qui n’écrivaient pas dessinaient, ou sculptaient. Soixante ans plus tard,  écrire fut sans doute la seule véritable  thérapie engagée par Marcel M.,  l’ancien aspirant de la terrible campagne de 1940…



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