Cinquième jour : vers Dives-
Situé à proximité de la gare maritime, immédiatement à proximité de la capitainerie, nous nous trouvions au point névralgique de la cité et nous nous apprêtions à remonter tout la rive gauche de l’Orne. Si Ouistreham est appelée « Perle de la Côte de Nacre » c’est avant tout pour son immense plage de sable fin et toutes les activités de loisirs et de détente qui y sont implantées. Mais Ouistreham est aussi un lieu rempli d’histoire, celle du débarquement, qui est racontée par le musée N°4 Commando et le musée du Mur de l’Atlantique. Mais aussi l’histoire de la construction du canal qui a permis le développement de la ville. Ouistreham est à la fois un port de plaisance de 600 anneaux, un port de pêche ayant son marché aux poissons quotidien et un port commercial reliant Portsmouth tous les jours, jusqu’à trois rotations quotidiennes.
Nous traversâmes en premier lieu le quartier du port. Situé à proximité des bassins de Ouistreham, le marché aux Poissons, sous sa halle, accueille 24 pêcheurs tous les matins de 8h à 13h. Il y a environ 7 chalutiers qui vendent leur propre pêche. Les noms des bateaux sont indiquées sur chaque étal. Nous étions trop tard ce matin pour assister vers 7 heures à l’arrivée des chalutiers et leurs filets remplis de fruits de mer et poissons. Pour tenter de grapiller ce qu’ils pouvaient, les mouettes et goélands ne manquaient jamais ce rendez-
Après le port, nous commençâmes à remonter le canal :
« Cette infrastructure destinée à développer l’économie locale et dont la décision de construction remonte à 1836, fut inaugurée le 23 août 1857 par Napoléon III et l’impératrice Eugénie. La proposition de l’ingénieur Eustache, retenue par le conseil municipal caennais du 12 août 1836, était celle d’« un canal maritime partant du canal St Pierre, longeant la rive gauche de l’Orne et débouchant sur la mer au travers des dunes de Ouistreham ». Cette proposition basée sur l’idée originale, en 1798 par l’ingénieur Cachin, de « creuser un canal latéral à l’Orne » et entérinée par l’Empereur Napoléon Ier lors de sa visite à Ouistreham en 1811, avait connu des modifications après plusieurs études pour sa réalisation »
Source Mairie de Ouistreham – Archives municipales -
Au milieu du canal se déroulaient une joute d’un groupe de mousses juchés sur de petits youyous (optimistes démâtés) qui s’escrimait à exercer leur godille. Nous nous trouvions au b niveau de l’école de voile et les éclats de voix des enfants enjoués nous parvenaient portés par l’eau. Le site de la baie, Océan école de voile sise dans le port de Ouistreham-
La petite route qui longeait maintenant le canal semblait être prisée par les Ouistrehamais. Peuplés de nombreux oiseaux y séjournent : les oiseaux qui fuient le froid glacial d’Europe du Nord y prennent leurs quartiers d’hiver : sarcelles d’hiver, souchets, siffleurs, pilets, bécasseaux, pingouins. Au printemps, surviennent les estivants, de retour d’Afrique, qui s’y s’installent : gravelots, hirondelles, coucous, fauvettes, tadorne de belon…
Le cinquième jour 1
Le cinquième jour 2
Les amateurs de pêche y trouvent leur compte : « Depuis Caen, la grande et belle capitale de l’ex Basse-
Et puis nous surprîmes en cette belle journée ensoleillées d’automne les derniers amateurs de fruits sauvages qui venaient grappiller les dernières mûres dans les buissons de ronces qui bordaient la berge. On préparait les confitures de l’hiver. La vie ici semblait fort agréable …
Nous arrivâmes bientôt au pont de Bénouville où nous devions franchir l’Orne. Ce pont est aussi connu sous son nom de code Pégasus Bridge.
« Pegasus Bridge n’a plus les pieds dans l’eau. Depuis 1993, l’un des plus célèbres ponts de l’histoire militaire repose sur une pelouse bien taillée, dans l’enclos d’un musée. Peint en gris clair, il est soigneusement entretenu afin de conserver intacte la mémoire d’une nuit de juin 1944. Le pont que l’on franchit aujourd’hui est une copie conforme de l’original. Lorsqu’il fut lancé sur le canal de l’Orne (Calvados) en 1935, Pegasus Bridge s’appelait simplement le pont de Bénouville, du nom de la petite commune, située entre Caen et la Manche, qui l’accueille. C’est, assurent les ingénieurs, un «pont basculant de type Scherzer», du nom de l’Américain qui inventa, au XIXe siècle, cette technique héritée des ponts-
L’ordre de mission, signé par le général Gale commandant la 6e division aéroportée, était de : “prendre intacts les deux ponts de l’Orne et le canal de Caen, à Ranville et à Bénouville… La prise de ces deux ponts, qui sera l’opération “Deadstick”, repose essentiellement sur l’effet de surprise, la rapidité d’exécution et la détermination à vaincre. Il faudra s’attendre à une contre-
Le but de cette mission était de sécuriser le flanc gauche de l’invasion car il n’existait qu’un seul lieu de passage pour traverser l’Orne et le Canal de Caen et celui-
Le cinquième jour 3
Cet entraînement, répété à maintes reprises, fut selon le Major Howard l’un des plus difficiles de l’armée britannique. Jim Wallwork, l’un des pilotes des trois planeurs Horsa qui prirent part à l’assaut (et contenant environ 29 soldats avec leurs équipements), raconta toute l’histoire :
“Nous avions effectués de nombreux exercices d’atterrissages, certains en condition normale de jour, d’autres également de jour mais avec les vitres teintées, et enfin des entraînements de nuit”.
Maurice Chauvet, vétéran du 1er bataillon fusiller marin commando de la France Libre rectifia une information erronée : “Louis Picot, résistant local, était propriétaire d’un des cafés les plus proches du pont, à l’époque “La Chaumine” et à l’emplacement de l’actuel bar-
A l’entrée du café Gondrée, était exposé un char Mark IV rescapé de l’action du 6 juin :
Face à la puissance des blindés allemands, nettement plus performants que leurs homologues alliés, les Britanniques ne cherchent pas à développer un char de bataille susceptible de concurrencer les Tigre, mais des chasseurs de chars, dont l’utilisation tactique se limite à un rôle défensif ou fixe plutôt que dans le cadre d’une action offensive.
Les ingénieurs militaires anglais développent le concept du char “croiseur”, un blindé dont le rôle est d’appuyer de ses feux l’infanterie et de progresser à son rythme, tout en à étant en mesure de s’opposer à une contre-
Source https://www.dday-
Le musée mémorial Pegasus de l’autre côté du pont avait ouvert ses portes en juin 2000, inauguré par S.A.R le Prince Charles d'Angleterre
En définitive, le soir du 6 juin après l’assaut des plages et les opérations aéroportées de la nuit, la jonction entre les commandos de la 1rebrigade spéciale et les parachutistes de la 6edivision aéroportée largués de part et d’autre de l’Orne est réalisée à Bénouville aux environs de 12 h 00. Plus à l’est, Amfreville devient le point le plus avancé des Britanniques face aux lignes allemandes, commandos et parachutistes y convergent toute la journée du 6.
Le cinquième jour 4
C’est là dans l’après-
Nous franchîmes ensuite le pont sur le canal. Juste après le pont, nous empruntâmes le chemin qui descendait la rive droite de l’Orne, retrouvant le Gr 223, qui emprunte l’ancien Sentier des Douaniers.
Ce pont n’avait pas toujours existé. À l'époque gallo-
Une demi-
L’Orne était jadis navigable. Au IXe siècle, les Vikings remontèrent la rivière à bord de leurs drakkars. Mais, battue au fil des siècles par les marées successives, l’embouchure devait s’envaser et seul un dragage intensif permettait la navigation. Sous donc le Second Empire, en 1857, qu’on décida la construction d’un canal reliant le port de Caen à la mer, afin de faciliter l’acheminement du minerai de fer produit dans la région. L’estuaire acquit sa physionomie actuelle ; à l’ouest, un canal rectiligne courant de Caen à Ouistreham et à l’est une zone estuarienne plutôt large composée de vasières, de marais et de prés-
Source Conservatoire du Littoral
http://www.conservatoire-
Nous entrions dans ce domaine conservatoire de la flore et de la faune.
Le cinquième jour 5
Au printemps et en été, les prairies humides – prairies du Costil, de la pointe du Siège ou du marais de Cagny – présentent un spectacle magnifique. Plusieurs espèces remarquables et protégées poussent ici : l’ophrys araignée, la dame-
Cette rive était peuplée par une même faune dont nous avions parlé le long du canal mais qui bénéficiait ici d’un calme plus grand. A ceci près qu’à certaines périodes on pouvait y entendre de nombreux coups de feu. Hélas, on pratique ici aussi la chasse au gabion. Cette chasse cible principalement les anatidés, et se pratique tout au long de la période d’ouverture de chasse, de jour comme de nuit. Les chasseurs passent la nuit dans le « gabion » (bloc aménagé) L’estuaire compte 9 gabions, donc 7 sont privés et fréquentés par au moins 15 chasseurs par semaine ( Source Vial, 2010).
Nous délaissâmes le chemin de la redoute de Merville, en restauration, en poursuivant sur le GR223 qui passait par la batterie de Merville qui abritait un autre musée du débarquement.
Dans ce village se trouvait une batterie de l’armée allemande, composée de plusieurs abris et postes de défense, de fossés antichars, de centaines de mètres de barbelés, de champs de mines, et surtout de quatre énormes casemates protégeant des pièces d’artillerie.
D’après les photographies aériennes réalisées dans le cadre de la préparation de l’opération Overlord, les Alliés estimèrent que de telles casemates devaient protéger des pièces d’artillerie de 150 mm. De tels canons étaeint capables d’écraser la plage de Sword sous leur feu. Pour les Alliés, ce site militaire, renforcé par un ensemble de différents bunkers d’observation et de soutien situés à l’ouest de Franceville, face à la mer, devait être impérativement sous contrôle avant que les soldats britanniques et français ne commencent à débarquer le Jour J.
« Menaçant le secteur de débarquement de Sword Beach et toujours opérationnelle en dépit de plusieurs raids aériens, de la neutraliser par un bombardement aérien intense suivi d'une opération aéroportée dans la nuit précédant le débarquement. Cette opération fut confiée au lieutenant-
Le cinquième jour 6
Les autres sont égarés dans la campagne normande, sont blessés ou se sont noyés dans les marais. Certains mettent parfois plus de quatre heures pour effectuer un kilomètre et demi, sans pour autant retrouver leurs camarades. Le lieutenant-
En approchant de l’endroit que nous n’avions pas l’intention de visiter, nous fûmes surpris d’y découvrir un appareil emblématique de la logistique du débarquement : un authentique DC3 :
« Le musée abrite dans son enceinte un authentique Douglas C-
Abandonné sur un aérodrome près de Savajevo en Bosnie-
Il s’agit actuellement, en Normandie, du seul C-
C’est de ce même type d’appareil, appelé “Dakota” par les Britanniques, que le 9th Para Battalion sauta sur la DZ ‘V’ de Varaville pour s’emparer et détruire les canons de la batterie de Merville. Le 6 Juin 1944, le 9th Para Battalion fut d’ailleurs le seul bataillon de la 6th Airborne Division à sauter exclusivement de “Dakota”.
C’est le premier avion de transport de la seconde guerre mondiale à être classé « Monument historique »
Source Musée de la Batterie de Merville(27 février 2014).
Changeant d’époque, le gr223 nous conduisait devant l’élégant château de Merville. L'actuel château de Merville fut construit au XVIIème siècle et remanié au XVIIIème siècle. Il subsiste aujourd’hui des granges dont la construction remonte à 1610. II se situe sur le hameau d'Escanneville, non loin de la mer. Merville apparait dans les écrits à partir du milieu du XIe siècle, le château est détruit par les Bretons. La mer joue un rôle important puisqu’on y extrait le sel jusqu’au XVIIe siècle. Les guerres maritimes avec I‘Angleterre entraînent la construction de la Redoute en 1779-
Le château de Merville fut occupé pendant quatre années par les Allemands, durant la seconde guerre mondiale. A proximité des Batteries de Merville, il a beaucoup souffert des bombardements alliés et de ses occupants. Il fut libéré en même temps que les batteries, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 par le 3e Bataillon Parachutiste Britannique du Lieutenant-
Le cinquième jour 7
Cette région de Marais de la Dives explique les difficultés éprouvée par les parachutistes du Lieutenant-
« Le 6 juin, les parachutistes sont éparpillés au-
Source : https://www.ladives1944.com/t%C3%A9moignages/varaville/
Ce sont maintenant ici les chasseurs des gabions qui abattaient des canards. Le tir aux pigeons continuait sous une autre forme.
Abnadonnant un instant le tracé du GR223, nous regagnâmes la côte vers les dunes du Home Varaville. Nous arrivâmes juste à l’instant de la malle de Porstmouth. Une sirène de ferry qui répond au cri des mouettes, la haute silhouette du phare de Ouistreham, des yachts qui tanguaient au rythme des marées dans l’estuaire de l’Orne …une vaste vision du plus grand espace naturel littoral situé à proximité de Caen s’ouvrait à nous. Nous passions de la Côte de Nacre à la Côte fleurie soumises ensemble à une âpre spéculation immobilière depuis la fin du XIXème siècle. Nous nous dirigions maintenant vers les plus prestigieuses stations de la côte normande. « Grand Standingue », aurait dit Queneau.
La guerre avait pourtant laissé dans cette région du HomeVaraville de douloureux souvenirs :
En mars 1944, par ordre des Allemands, la zone côtière avait été interdite et la population du Hôme-
Le cinquième jour 8
Mon père, rentré de captivité, fut requis lui aussi pour les chantiers de l’organisation Todt mais il refusa de travailler pour les Allemands. Il partit se cacher quelque temps dans le Jura pour échapper au travail obligatoire. Extrait du témoignage de Madame Couturier, habitante de Hôme-
Au Hôme-
Nous parvînmes bientôt sur la digue de la promenade Marcel Proust. Nous étions arrivés à Balbec, ou plutôt Cabourg, la station balnéaire dont l’écrivain s’était largement inspiré pour la rédaction de son cehf-
La partie Ouest de Cabourg avait un peu perdu son caractère pittoresque et le charme désuet vanté par tout une littérature du siècle dernier. Les résidences huppées qu’on avait élevé ici aurait très bien pu se trouver se trouver sur la côte belge. On avait sacrifié encore ici à la pression de la spéculation immobilière : la vue sur mer n’avait pas de prix ! Centre de thalassothérapie, espace médicalisée, on avait affaire en cette arrière saison à une population de retraités plus qu’aisée. La municipalité avait sacrifié une partie de ses dunes en délivrant des permis de construire juteux. Le conservatoire du littoral avait du avoir fort à faire pour sauver la côte.
Enfin, progressant sur la large digue, les fameuses villas de Cabourg s’offrirent à notre vue : les villas du temps retrouvé.
« Ayant appris qu'il y avait, à Cabourg, un hôtel, le plus confortable de toute la côte, j'y suis allé. Depuis que je suis ici, je peux me lever et sortir tous les jours, ce qui ne m'était pas arrivé depuis six ans. » Voila ce qu'écrit Marcel Proust à Mme de Caraman-
Le cinquième jour 9
Dans le journal Ouest France du 8 août 2012, un article en donne cette explication :
Marcel Proust a donc immortalisé le Cabourg du début du siècle dernier en renommant la station balnéaire du nom de Balbec. Dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs, notamment, l'auteur dépeint la vie qui occupe le Grand Hôtel et la promenade qui longe la plage. « Cette salle à manger de Balbec, apparaissait nue, emplie de soleil vert comme l'eau d'une piscine. A quelques mètres de celle-
La municipalité avait eu la pertinence d’associer à chaque villa fétiche de grands panneaux illustrant par une série de photographies couleurs qui mettaient en scène les personnages de Balbec décrits par Proust dans son œuvre. L’auteur séjourna à Cabourg les étés de 1907 à 1914 où il écrivit des pages fondamentales d’À la recherche du temps perdu. Un auteur de bandes dessinées, Stéphane Heuet s’est attaché récemment à illustrer graphiquement tout l’œuvre de Marcel Proust, prix Goncourt 1919.
La mairie de Cabourg a largement pris conscience de ce patrimoine et consacre sur son site un article à ces prestigieuses villas : « Ces villas Belle époque vont utiliser les techniques de décoration de l'architecture nouvelle dont le traitement particulier des façades et des toitures. Ainsi, au détour d’une rue vous pourrez voir dans Cabourg, que de simples balcons sont devenus des loggias, des devantures se sont parées de Pilastres, de chapiteaux corinthiens, de mascarons, etc. Parfois, la toiture vous laissera entrevoir un œil de bœuf ou plus original encore, un belvédère fièrement dressé. Façades multicolores, placards de mosaïques, pans de bois et toitures ornées d’épis de faîtage ne manqueront pas de vous captiver. Au détour de chaque rue, vous apprécierez la beauté des constructions néo-
La ville a organisé un parcours touristique en ville pour découvrir ces villas accompagné par un guide.
Parmi ces honorables édifices, pour notre part, nous découvrîmes d’abord la villa Bonaric :
« Cette villa néo-
Puis la villa Shamrock :
« Cette villa fut édifiée vers 1890. D'abord en pierres et en briques elle fut surélevée en 1930, lui configurant un style néo-
Le cinquième jour 10
Ensuite le Chalet double 6 :
« Construit autour de 1870, ce chalet fut la propriété d'un passionné de dominos puis du peintre impressionniste René Xavier Prinet (1841-
Alors nous fûmes devant le Grand Hôtel de Cabourg. Nombre de personnalités célèbre sdu siècle dernier avaient bien du le fréquenter. C’est Charles Bertrand qui est à l’origine de ce succès. Il a l’idée de construire le grand Hôtel tel qu’on le connait encore aujourd’hui. Son style à l’italienne, le tout confort… En 1892 il devint propriétaire des Grands Etablissements de Cabourg puis Maire en 1896 (fonction qu’il occupera durant 31 ans !). Il fit alors place nette en détruisant l’ancien hôtel de la plage et le Casino pour mieux les reconstruire ! En 1907 est inauguré le nouveau et prestigieux Grand Hôtel. Charles Bertrand structure la ville en complétant ces équipements par la création du Garden-
C'est dans la chambre 414 du Grand Hôtel de Cabourg que logea Marcel Proust, le célèbre écrivain. Son premier voyage, il le fit à 10 ans accompagné de sa grand-
« Parmi les chambres dont j'évoquais le plus souvent l’image dans mes nuits d'insomnie, aucune ne ressemblait moins aux chambres de Combray, saupoudrées d'une atmosphère grenue, pollinisée, comestible et dévote, que celle du Grand-
En témoin des années 1900, il dressa un portrait de la Belle Époque et de la vie sociale trépidante de ses contemporains privilégiés en villégiature. Marcel Proust a donné son nom aux 3,6 km de promenade longeant la digue, tant son histoire est liée à la ville et tant son œuvre s’en est inspirée. »
Le cinquième jour 11
Mais il y eut encore bien d’autres personnalités que se succéderont dans la prestigieuse station: René Xavier Prinet (peintre), Raymond Poincaré, ancien Président de la République (villa Green Cottage) ; Ferdinand Renault, le célèbre constructeur d’automobiles (Sweet Home) ; Jacques de Lacretelle, de l’Académie Française ; Charles Levadé, compositeur.
Bruno Coquatrix le célèbre directeur de l’Olympia à Paris joua également un rôle important à Cabourg :
« Après-
L’histoire du Casino et celle du grand hôtel sont liées. Elles forment un long feuilleton qui se perpétue aujourd’hui.
En 1861, un premier hôtel de luxe est construit à côté d'un casino en bois, lui-
Le Grand Hôtel apartient désormais au groupe Accor
Pour le Casino :
« À l’origine, ce sont Henri-
La municipalité, propriétaire des fonds depuis 1956, continue de piloter l’entreprise. Le casino est géré par le groupe Partouche depuis 1997. En 2006, le conseil municipal a renouvelé la gestion de l’établissement au groupe Partouche pour les quinze années à venir. Entre 2006 et 2007, il connait des travaux d'agrandissement…
Le cinquième jour 12
Si la côte alentour avait été durement touchée par le débarquement, Les guerres avaient épargné la prestigieuse station :
En plein cœur de l’été 1914, la guerre éclate. Même éloignée du front, Cabourg va en subir les effets et les Grands Établissements vont accueillir des blessés de guerre. Quelques années plus tard, au cours de la Seconde Guerre Mondiale, l’activité touristique cesse et Cabourg et les villas cabourgeaises sont occupées par les soldats allemands. La station est alors considérée comme une ville de repos et de détente pour la Wehrmacht. Le 21 août 1944, les Belges de la Brigade Piron libèrent un Cabourg déserté. Les habitants reviendront, courant septembre, dans une ville qui ne présente que quelques destructions (surtout l’intérieur des villas transformées en bunkers mais dont l’aspect extérieur n’a pas été modifié).
Source ville de Cabourg http://www.cabourg.fr/histoire-
Passé l’hôtel, nous tournâmes à droite afin de regagner le centre ville pour nous diriger ver la gare. Avenue Jean Mermoz, d’autre villas célèbres attirèrent notre attention.
La villa l’Argentine fut construite par l'architecte Mauclerc pour Maxime, le fils de Charles Bertrand et pour ce dernier lui même. Son nom d’origine était d’ailleurs villa Maxime.
Equilibre esthétique entre le moellon de silex et les nombreuses mosaïques avec des briques soulignant les baies, témoignait des moyens et du soin apportés à sa réalisation. On aurait dit un petit palais.
La villa les Marmousets en imposait aussi par sa taille. Dessinée par l'architecte Mauclerc, cette maison abritait une ancienne agence de locations de villas. Les figurines grotesques ornant les éléments architecturaux, y compris le sommet des toits étaient remarquables.
La façade arrière arrière du Grand Hôtel nous apparut dans toute sa splendeur évoquant pour nous les calèches de la Belle Epoque, louées pour transporter les personnes résidents à L’hôtel en saison. Les calèches avaient été remplacées depuis par des berlines de luxe. Mais au fond, peu de choses avaient réellement changé. Nous étions simplement devenus les nouveaux badauds qui nous faisions notre propre cinéma. Le casino était toujours ouvert.
Le Grand Hôtel et le casino constituaient l'un des ensembles balnéaires les plus cohérents et les mieux conservés de la Belle Époque. La salle de spectacle et le vestibule de la rotonde sud-
Nous nous dirigeâmes vers des lieux moins prestigieux. Les promoteurs immobiliers prospectaient maintenant un peu plus large. Le garage Palace, situé Avenue Alfred Piat avait été racheté par la mairie en 2001 pour réduire les nuisances occasionnées par cet ancien garage automobile. Le luxe et le silence se paient à grand prix.
Le cinquième jour 13
Il n’était plus utilisé d’ailleurs que pour du stockage de matériels. Le bâtiment vétuste ne présentait plus d’intérêt pour la collectivité, d’autant que sa réhabilitation était très coûteuse. La municipalité avait opté pour sa mise en vente avec les deux maisons voisines , acquises par droit de préemption. Un projet hôtelier est en cours sur cette parcelle avec un offre d’acquisition qui se montait à 500 000 euros :
« Grâce à l’acquisition d’une réserve foncière suffisante, la Ville peut maintenant voir émerger un projet hôtelier, répondant ainsi aux besoins d’accueil touristique. Ce projet retenu est celui d’un hôtel 4 étoiles en lieu et place du Garage Palace conçu dans un esprit de maison de famille où les codes de l’hôtellerie classique seront revisités. Destiné aux touristes, grand public ou professionnels, ainsi qu’aux Cabourgeais souhaitant vivre une expérience conviviale, l’établissement proposera plus d’une cinquantaine de chambres dont des suites, des chambres familiales (mode dortoir) et plusieurs terrasses spacieuses, le tout sur quatre niveaux. Sur une surface de 2 395 m2, le concept hôtel devrait offrir des services sortant de l’ordinaire : un restaurant rôtisserie, des bars à cocktails dont un en rooftop et un club wellness,un espace kids, une salle de cinéma en rooftop... » Source bulletin municipal.
Le pont Brigade Miron du nom du Colonel de le brigade belge qui libéra la ville le 21 août 1944, nous permettait ici de franchir la Dives. Nous nous arrêtâmes un instant sur son tablier à contempler couler la Dives. C'est dans l'estuaire de la Dives que Guillaume le Conquérant aurait réuni, en 1066, une flotte de 600 navires, pour envahir l'Angleterre. Cette flotte devait gagner la baie de saint Valéry sur Somme, d'où elle devait partir pour débarquer dans la baie de Pevensey le 28 septembre.Peu avant la bataille d’Hasting. Le débarquement s’était fait alors dans l’autre sens… https://www.ladives1944.com/dossiers/la-
Juste de l’autre côté du pont se trouvait la gare de Cabourg. Le raccordement côtier de 23 km en voie unique reliant Dives-
De nos jours, le chemin de fer n’était plus à la mode. Les régions s’inquiétaient des désaffections de service de l’Etat pour le service publique du rail :
"Il y a des régions entières où il ne va plus y avoir un seul train", s'indigne Pierre Mouraret, ancien vice-
Le cinquième jour 14
Nous étions à deux pas de notre destination du soir. Nous découvrîmes toute pimpante dans ses couleurs rénovées, une belle et spacieuse villa, de style néo-
Dans un article que nous avions pu consulter, il était relaté un accident qui s’était déroulé dans une l’usine d’électro-
Nous apprîmes ainsi que Dives sur Mer avait eu son usine :
En 1891, Pierre-
Source https://www.memoireouvriere.fr/le-
Cette usine devint avant guerre, lapus grande usine du Calvados ( 1200 ouvriers en 1913)
En 1916, l'entreprise compte 2 000 salariés, elle fabrique 16 000 douilles par jour, soit en moyenne 400 000 par mois. La guerre permet alors à l'entreprise d'accroître ses profits, « notamment grâce à de substantielles économies réalisées sur le coût salarial, du fait de la composition très particulière de la main-
Source Ouest France du 20/02/2016
Ainsi, en franchissant la Dives, nous étions passé d’un monde à l’autre :
Celui des nantis qui se pavanaient dans des villas bourgeoises, autour d’un hôtel de luxe et d’un casino réputé, savourant des bains de mer et des repas fins et l’univers des ouvriers et de leurs usines infectées d’acides et de fumées , contraints aux cadences de l’effort de guerre et à la production ininterrompue de quantité de munitions.
Le soir, pour notre part, nous dinâmes fort bien dans une petite crêperie proche des anciens locaux du Progrès …