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L’ESTRAN

« … C’est seulement  lorsque le soleil se couche à marée basse qu’on saisit vraiment la dualité de ce paysage qui s’offre alors  à nous . Car alors le photographe ne photographie plus un seul soleil couchant.  Il observe dans son viseur deux astres au crépuscule. Toute la  plaine au premier plan où se  reflète le second se nomme justement le luisant. C’est cette matière glacée que forme le film d’eau sur le sable qui transforme toutes les ombres mouvantes à sa surface  en ombres chinoises. Et ce sont ces silhouettes sombres,  à contre-jour, qui fabriquent l’empreinte de mes impressions comme l’effet produit en négatif sur un pellicule argentique. Le luisant de l’estran m’apparaît souvent  comme l’inversion du ciel. C’est le même émerveillement lorsque dans la chambre noire de son laboratoire, un peu haletant, on scrute au compte-fils  un négatif humide  tout juste développé. Le luisant ressemble à  une émulsion photographique  composée cette fois d’une part de gélatine d’algues et de poissons, d’une part de sel et de six parts d’eau. C’est la recette de cette potion magique. »

Ciel et mer