J’ai vu le jour au milieu du siècle dernier en Champagne dans un milieu d’enseignants. La jeunesse de mes parents avait été fortement marquée par la guerre et par l’occupation. La guerre d’Algérie débutait. Si mes frères et sœurs et moi-même baignions dans l’ambiance d’une paix fragile retrouvée, notre éducation devait nous préparer à affronter le pire. Aussi, très jeune, j’étais autorisé à feuilleter les albums de la grande guerre (14-18), édités en 1930, par l’Illustration. C’était l’unique moyen que mon grand-père, photographe amateur, avait inventé pour me raconter ses tranchées et affranchir le « petit citoyen », comme il aimait m’appeler, des atrocités dont il avait tellement souffert. C’est ainsi que j’ai découvert la photographie : ces images de guerre, aussi terrifiantes qu’elles m’apparaissaient, me fascinaient …