Heureusement ils avaient renoncé à produire la chorale, un moment envisagée. Le Sergent Bretaudeau remit alors tous ses pouvoirs, après avoir présenté son propre état-
Dans les jours qui suivirent, les foulards rouges disparurent progressivement et il serait bientôt bien inconvenant de les arborer: cela fut le seul changement visible dans le camp. Certes ils étaient "délivrés" de la hantise des bombardements... mais ils demeuraient remplis d'inquiétude quand au sort qui leur était réservé.
Ils se virent pratiquement consignés sur place. Leur régime alimentaire ne s'améliora pas: la boule de pain continuait d' être de fabrication allemande et le seigle qui le composait n' en était ni meilleur, ni pire. Bien sûr ils se rendaient bien compte que leur amélioration sanitaire ne pouvait pas être immédiate, ils savaient bien que la remise en état des voies ferrées allait demander un certain délai, qu'il y avait des convois prioritaires à faire passer avant les leurs... mais rien ne leur semblait justifier l'ignorance dans laquelle on les maintenait sur les véritables intentions de leurs libérateurs... Ils se mirent à comprendre que la fin des hostilités ne signifierait pas obligatoirement la fin de leur captivité... et parfois ils éprouvaient la désagréable impression qu’ils allaient servir, sinon de "monnaie d' échange", du moins de moyen de pression pour obtenir des Alliés certaines concessions dont l'ampleur ne leur apparaissait pas encore clairement...
Bref, ils commencèrent à différencier les Russes des Alliés. Les documents diffusés par la presse, et qui leurs parvenaient en grand nombre, ces photos où l'on voyait fraterniser les armées russes et les armées alliées leurs parurent plus comme des artifices de propagande que l' expression de la réalité véritable. La suspicion dont ils se sentaient l'objet les renforçait un peu plus chaque jour dans cette idée...
Leur moral n’était décidément plus au beau fixe. Peut-
C'était à peine si les journaux avaient commenté les violents combats de Prusse Orientale: L'intérêt de la presse occidentale s’était principalement concentré sur la prise de Berlin… N’allait-
Moi, René Tardi vol 2 -