LE MONT

... La baie du Mont Saint Michel a toujours exercé sur moi une indéfinissable attraction.

Tout jeune, encore, j’y allais glaner ces coquilles vides que les pèlerins de jadis ramenaient au pays comme ces médailles que les vieux militaires rapportent de leurs campagnes.

J’aimais entendre, sous mes pieds déchaussés, le crissement du gravier de ses plages désertes  ou sentir l’ondulation que les vagues avaient inscrite sur le sable durci. Le soleil se mirait dans les flaques abandonnées par le flot et où frémissait tout un peuple de crevettes prises au piège de la marée, tandis que le vent du large venait remplir mes poumons.

Le Mont n’était pas toujours mon but, mais l’ombre de Saint Michel planait sur toute la baie, comme pour conjurer la menace d’un dragon invisible, mais toujours présent, dissimulé dans l'immensité des sables …

m.m 93