Deuxième jour : vers Longues sur Mer
Lors de notre soirée à Vacqueville, notre hôtesse Mme d’H, constatant notre intérêt pour l’endroit se mit en devoir de nous conter l’histoire de ses terres.Après le dîner, bien installés devant un calvados maison nous étions bien prêts à écouter toutes les origines de la maison:
"A peu de distance des champs de L'Ormel se trouvent les herbages où sans doute dès le temps des Romains on nourrissait des vaches, ce qui fit donner à ce lieu le nom de Vacqueville (villa, exploitation; vaccarum, des vaches). Le capitaine Jean-
Du coin de l’œil, j’observai ma compagne papillonner des yeux, ereintée par une longue journée de marche. Mais nôtre hôtesse poursuivait :
« Madame Couliboeuf de Blocqueville, d'accord avec sa soeur, devint seule propriétaire avec son mari Louis-
Le 12 décembre 1837, ils vendirent la terre avec laferme de Vacqueville, "consistant en maison d'habitation et bâtiments d'exploitation, cour, jardin, herbages, prés et labours plantés et non plantés, contenant 35 hectares 18 ares 10 centiares, enclavés, sauf les Teurterets et les herbages de devant, entre le chemin de Vierville à Trévières, celui de l'église de Louvières à Vierville et la voie allant au village de Vacqueville »
Du bout du pied, je réveillai mon amie qui venait de s’assoupir un instant, la respiration régulière, et la tête renversée sur l’appui-
"Les acquéreurs étaient M. Jean-
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Cette fois-
Ce matin-
« "Le dimanche 4 juin 1944 avaient lieu les premières communions de la paroisse de Vierville. A cette occasion Raymonde (Hue, future Mme Watel, avait 12 ans) avait reçu un cadeau rare à cette époque, une belle bicyclette bleue dont je reparlerai par la suite, et Huguette, qui logeait chez un ménage habitant dans notre impasse, avait obtenu que ses parents aient l'autorisation de venir en zone interdite pour trois jours pour la cérémonie. Ils devaient repartir le mardi suivant et sont restés presque quatre mois.
A cette époque les premières communions, les baptêmes et les mariages étaient l'occasion de faire des repas exceptionnels avec pain blanc et friandises recherchées. Le lundi on finissait les restes et le mardi on essayait de se remettre au travail.
Quant à moi, n'ayant pas l'occasion de faire ripaille et quoique ayant quelques plans de maisons démolies à mettre au net pour la mairie en vue des indemnisations futures, je décidai de profiter de cette belle journée pour commencer la réalisation d'un abri dans notre petit jardin, projet déjà maintes fois remis.
Je ne craignais pas un bombardement par mer mais plutôt un arrosage systématique des côtes peu avant le débarquement pour affaiblir les défenses tout en laissant aux Allemands peu d'indications sur le point du débarquement.
De plus je suivais, ce faisant, les conseils de la radio anglaise. Il n'y avait qu'une petite pelouse, je n'avais pas le choix. J'avais prévu une tranchée de 1m25. de profondeur avec 6 marches taillées dans la terre à chaque extrémité, les mottes de gazon ôtées et empilées sur les épaulements devant fournir un talus de 55cm de haut sur les côtés, et maintenir les déblais excavés. »
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…Traversant le village, nous avisâmes l’entrée du garage d’un collectionneur avec posté à son entrée, en sentinelle ,l’effigie d’un GI américain, le fusil en bandoulière …
La nuit fut calme (du dimanche 4 au lundi 5) mais lundi devaient se produire des faits anormaux.
Le maire recevait chaque jour de la Kommandantur les ordres de réquisition pour le lendemain, corvées, transport de toutes sortes par chevaux avec charretiers ou directives générales pour la population. Ces ordres étaient rédigés par le secrétaire de mairie et portés par le garde-
Or si samedi il avait été désigné l'équipe de démolition des maisons de la plage et les huit hommes pour la garde de la voie ferrée les 11, 12 et 13 Juin, et j'étais un de ceux-
Presque toute l'émission de la BBC du soir fut consacrée à des messages personnels. Le nombre ce ceux-
En passant devant la mairie, nous remarquâmes les armes de la commune :
Les Armes de la Commune ont été créées après la guerre 39-
Puis nous redescendîmes sur la plage de Saint Laurent sur Mer, Omaha Beach.
« Le six juin 1944 le village de Vierville-
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Ces secteurs représentent un front d’environ 1 200 mètres de large. Ils donnent également un nom de code à la valleuse qui devient “D-
Immédiatement parvenus sur la plage, notre attention fut attirée par un premier monument : le monument Signal de Saint Laurent:
C'est en 1949 que le Comité du Débarquement présidé par Raymond Triboulet, le premier sous-
La forme des monuments situés sur le littoral, même si tous présentent de légères différences symbolisent des proues de navires, d'autres y voient des cheminées et ceux situés dans les terres comme à Bénouville, Carentan ou Isigny sont en forme de bornes circulaires. Chacun est complété d'une inscription en relief en français et en anglais, oeuvre du sculpteur Chiquet fréquent partenaire de Froidevaux dans les chantiers de la Reconstruction : « Les forces alliées débarquent sur cette plage qu’elles nomment Omaha Beach et libèrent l’Europe le 6 juin 1944 ». Les blocs supportant les inscriptions forment, à l'antique, une manière de colonne rostrale. Les emplacements choisis, tous symboliques et l'absence volontaire de tout décor ou équipement même destinés à faciliter les commémorations à proximité immédiate devaient renforcer la majesté des édifices…
Juste derrière le monument massif, face à la mer se dressent les trois sculptures monumentales réalisées par le sculpteur Anilore Banon intitulées « Les Braves » :
Le débarquement des forces alliées marqua le début de la libération de la France puis de l'Europe de la barbarie nazie. Mais bien au delà de l'extraordinaire opération militaire, l'exemple de ces braves marqua le début d'une conscience internationale, d'une nouvelle responsabilité des hommes et des nations face aux multiples visages du totalitarisme.
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"Debout la liberté" encadrée par "Les ailes de l'espoir" et par "Les ailes de la fraternité" furent mises en place sur le sable d'Omaha à St Laurent/Mer pour le 60 ème anniversaire, le 6 juin 2004.
En 2004, l’artiste commentait son œuvre ainsi : L'œuvre centrale intitulée « debout la liberté », commémore le courage des hommes qui ont choisis de se lever et de se dresser contre la barbarie. Deux sculptures encadrent l'œuvre centrale:
Celle de droite intitulée, « les ailes de l'espoir », illustre la nouvelle espérance d'un monde plus heureux et commémore l'inspiration et l'engagement de ceux qui ont continué le combat pour la démocratie dans les années qui ont suivi.
Celle de droite intitulée, « les ailes de la fraternité», illustre cette nouvelle idée de l'humanité où chacun serait responsable du sort de son prochain et commémore l'engagement de ceux qui ont combattu pour l'établissement et le respect d'une égalité universelle des droits de l'homme.
Trop souvent, une fois les événements passés, une fois les héros enterrés, on oublie trop confortablement les raisons de leurs combats et surtout tout ce que les enfants d'aujourd'hui doivent au sacrifice de leurs aînés. »
Les trois sculptures monumentales installées sur la plage, seront aussi au gré des marées plongées partiellement dans la mer.
Nous intéressâmes alors à la plage même d’Omaha Beach que nous allions parcourir d’Ouest en Est jusqu’au cimetière militaire américain de Colleville.
Géographiquement la plage s’étend devant les communes de Vierville-
Pour les rangers qui débarquaient sous la pluie de leur LTD, le paysage qui s’ouvrait devant eux s’étalait ainsi :
l'estran : une bande de 300 m de sable fin avec un très léger dénivelé de 5,4 m ;
une levée de galets en pente plus raide menant à l'ouest à une digue de mer avec une petite route et des villas et à l'est à une dune ;
une bande de 200 m plus ou moins horizontale marécageuse par endroits ;
un talus herbeux et sablonneux (qui correspond au rebord de plateau ou falaise morte) de 30 m à 50 mètres de haut dominant tout ce qui précède ;
le plateau de l'arrière-
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Pour les soldats ce plateau était accessible depuis la plage par cinq petites vallées encaissées, ou vallons, et seuls chemins accessibles aux véhicules militaires pour sortir des plages. La première mène à Vierville (code US : D.1 Draw). La deuxième, près du hameau des Moulins (code US : D.3 Draw), et la troisième, au lieu-
Nous allions pour notre part longer cette page jusqu’à la vallée du Ruquet pour remonter sur le plateau afin d’accéder au cimetière qui accueille quelques 9386 ,sépultures de soldats américains tombés sur le sol normand.
Pour s’opposer à ce débarquement en force, sur l’estran les Allemands avaient installé toute une série d'obstacles. En venant de la mer, ils se succèdaient comme suit :
des portes belges (ou éléments Cointet) : hautes barrières métalliques provenant de la ligne de défense belge de 1940
des rampes (Hemmbalken) : longs troncs d'arbre obliques recouverts d'une lame en acier, parfois minés, soutenus chacun par deux plus petits. Leur but est de soulever, voire d'éventrer l'avant des barges.
des pieux : troncs simples légèrement obliques surmontés d'une mine ;
des hérissons tchèques (tétraédres) : ensembles de 3 poutres métalliques croisées en leur milieu et ancrées dans du béton.
Face à l’armada alliée les unités allemandes qui défendent le secteur d'Omaha ont un effectif de 2 000 hommes. Elles appartiennent à deux divisions d'infanterie : la 352e à l'ouest et la 716e à l'est. Quinze positions de défense sont installées, dont douze dominent la plage. Les Allemands les appellent Widerstandsnester (WN) et les ont numérotées de 60 à 74. Ces positions ne sont pas toutes terminées et leur équipement est variable. Dans chaque Widerstandsnest, on trouve généralement un ou deux canons de 50 à 88 mm, parfois une tourelle de char (6 au total), 1 à 4 mitrailleuses, 2 à 3 mortiers. Il s'agit souvent d'armement récupéré dans les nations vaincues. Il n'y a pas de grosse casemate d'artillerie, mais à Longues-
Le plan établi pour Omaha par les chefs alliés, les généraux américains Eisenhower et Bradley et le maréchal britannique Montgomery prévoit un débarquement des troupes à 6 h 30, à la fin de la marée montante.
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Ce débarquement sera précédé par un bombardement aérien et naval massif des positions allemandes et des obstacles des plages. Les Allemands doivent être pris par surprise et écrasés sous les bombes.
L'assaut de la plage d'Omaha est confié au Ve corps US (lieutenant général Gerow) qui comprend trois divisions d'infanterie (les 1re, 2e et 29e), une division blindée (la 2e Tk Div), deux bataillons de rangers, des unités du génie et diverses unités d'appui…
Le photographe de guerre Robert Capa, qui a débarqué avec la compagnie E du 116e RCT à Easy Red, prend les premières photos du débarquement. La situation est catastrophique. Le seul point positif se situe à l'extrême ouest de la plage où la compagnie C du 2e bataillon de rangers a réussi à atteindre le pied de la falaise.
Nous longeâmes la digue tout au long de la plage. Des panneaux explicatifs nous renseignaient sur les différentes étapes de l’assaut. Nous comprîmes vite s’il était un endroit où le débarquement avait bien failli échouer, c’était bien sur la plage d’Omaha Beach :
L’endroit choisi pour le débarquement, il est vrai, n’était pas idéal pour son assaut amphibie et présentait bien des risques. Mais il était le seul possible entre le secteur britannique Gold, à l’Est, et à Utah Beah, la seconde plage américaine, plus à l’ouest, sur le rivage du Cotentin que nous avions parcourue lors d’une précédente étape.
De Grandcamp jusqu’à Arromanches, le littoral du Bessin est en effet bordé de falaises calcaires abruptes s’élevant de quelques dizaines de mètres au dessus de la mer. En revanche, devant les villages de Vierville, Saint-
Le site, en raison de sa topographie, est aisé à défendre. On y dénombre pas moins de quinze widerstandnester (nids de résistance), implantés pour la plupart à l’entrée des petites vallées encaissées qui conduisent de la grève au plateau, de surcroît barrées par des murs antichars. Partout, les Allemands ont disposé canons, nids de mitrailleuses, mortiers, champs de mines et barbelés.
En mars 1944, la plage reçut le nom de code d’Omaha (une ville de l’Etat du Nebraska). Trois mois plus tard, elle entrait dans l’histoire sous le surnom de « bloody Omaha » (Omaha la sanglante), en raison des pertes effroyables qu’y subit le 5ème corps de l’armée américaine, composée de la 1ère division d’infanterie (« La Big Red One », commandée par le Général Huebner) et la 29ème division d’infanterie (« Let’sgo », commandée par le Général Gerhardt).
Débarquant à 6h30 le 6 juin 1944, les premières vagues, accueillies par un feu nourri, sont clouées sur la plage. Les bombardements aériens de la nuit, comme les tirs déclenchés par l’artillerie navale avant l’assaut, se sont révélés fort peu efficaces.
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Les défenses allemandes, pratiquement intactes, prennent la plage en enfilade et sèment la mort dans les rangs des assaillants. Comble de malchance, les chars amphibies ont presque tous sombré pendant le débarquement avant d’atteindre la côte , privant ainsi les fantassins d’un indispensable appui d’artillerie. Au fil des heures, la situation ne cesse d’empirer.
La plage, de plus en plus réduite du fait de la marée montante, s’encombre de cadavres roulés par les flots, d’innombrables blessés et de carcasses fumantes d’engins détruits par les obus. Les péniches apportant les renforts s’empalent ou sautent sur les obstacles que les hommes du génie, décimés par les pertes, n’ont pas réussi à dégager à temps.
Après un calvaire de plusieurs heures pour les soldats américains, la situation évolue enfin en leur faveur. Faute de pouvoir emprunter les vallées, trop solidement défendues, les GI’s, à force d’énergie et de courage, parviennent en fin de matinée à escalader l’escarpement et à s’infiltrer par petits groupes sur le plateau pour prendre à revers un ennemi dont la résistance commence d’ailleurs à faiblir.
Au soir du Jour J., la tête de pont d’Omaha n’a guère plus de deux kilomètres de profondeur. L’opération, très mal engagée, s’achève néanmoins par un succès, mais à quel prix ! Source : http://www.normandie44lamemoire.com/
Devant la vaste plage qui s’étendait devant nous, on ne pouvait s’empêcher d’avoir la gorge serrée en imaginant le calvaire des jeunes soldats si bien décrit dans le film de Spielberg, Saving Private Ryan, mais aussi en nous remémorant l’interview du cinéaste Samuel Füller auteur du célèbre film “Big Red One” qui avait lui-
L'historien américain Joseph Balkoski avait récemment estimé que les chiffres donnés jusqu'à présent étaient très en dessous de la vérité. Pour lui les pertes s'élevèrent à 4 700 hommes sur 35 000 personnes ayant débarqué soit 13 % (jusqu'à 40 % pour certaines compagnies, telle la Compagnie A/116th).
Au bout de la plage nous parvînmes au petit Vallon du Ruquet par lequel nous devions remonter pour atteindre le cimetière de Colleville. Ce fut, le 6 juin 1944 la première route ouverte par les GI’S jusqu’alors bloqués sur la plage :
Le 6 juin vers 10 heures, des centaines d'hommes étaient bloqués sur la plage, parmi des péniches détruites. Devant eux, le vallon du Ruquet, protégé par deux points fortifiés. Aujourd'hui, seul est encore visible un canon dans son blockhaus. Touché par le tir d'un navire qui s'approcha à 1 km, il fut définitivement détruit par un "halftrack".
Aussitôt après, le génie américain ouvrit cette route vers le plateau et vers 15 heures et le gros matériel américain empruntait ce premier et unique dégagement du site d'Omaha. Le blockhaus servit ensuite de PC pour la 1ère division "Big Red One" et bientôt des milliers de Gi's empruntèrent le même chemin.Le génie poursuivit son travail, aménagea rapidement le port artificiel et, installa sur le plateau, un aérodrome qui a permis d'évacuer 11.030 blessés en juin et juillet 1944.
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Nous remontâmes par un petit sentier en forêt parallèle à la route qui remontait le Ruquet. L’endroit était désert et un peu inquiétant. La pluie s’était remise à tomber. Les seuls locataires des lieux maintenant était un paisible troupeau de vaches qui nous dévisagèrent longuement surprise par ces randonneurs inattendus. Nous rejoignîmes un peu plus lin la route qui conduisait à la nécropole américaine :
« Inauguré officiellement en 1956 avec son mémorial, le cimetière de Colleville honore les soldats américains morts pendant la bataille de Normandie lors de la Seconde Guerre mondiale et compte parmi les 25 sites funéraires permanents des États-
Si les allées de services permettent d'accéder au cimetière en de multiples endroits, les accès principaux guident généralement le visiteur à entrer par la face est et son mémorial d'où se dresse une statue en bronze de sept mètres de haut, œuvre de Donald De Lue, qui occupe le centre d'une colonnade semi-
Source WKPD.
Ici reposent les corps de 9388 militaires, dont 307 inconnus et 4 femmes. Toutes ces personnnes sont principalement décédées le jour du débarquement ou pendant la campagne de Normandie, pour la plupart au combat. 14000 dépouilles ont par ailleurs été rapatriées aus USA à les demande de leurs proches.
Nombreux visiteurs arrivés par bus s’étaient ce matin-
Les extrémités du mémorial sont composées de grandes loggias sur les murs desquelles se trouvent quatre cartes d'opérations militaires. La plus imposante « Le débarquement en Normandie », représente l'établissement de la tête de pont ainsi que les opérations qui suivirent et permirent aux Alliés d'entrer définitivement dans les terres. Un guide expliquait en anglais à des quidams bien nourris toutes les péripéties de la bataille qu’avait menée ici leurs aïeux. Nous ne nous attardâmes pas longtemps.
Harry Truman, 33 ème président des USA à l’issue de la guerre avait déclaré à l’issue du conflit :
« NOTRE DETTE AUX HOMMES HÉROÏQUES ET AUX FEMMES VALlIANTES QUI ONT SERVI NOTRE PAYS NE POURRA JAMAIS ÊTRE ACQUITTEE. ILS ONT GAGNÉ NOTRE GRATITUDE ÉTERNELLE. L'AMÉRIQUE N'OUBLIERA JAMAIS LEURS SACRIFICES »
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Cette maxime étalée sur un mur du Visitors Center à l’entrée du cimetière était loin de nous consoler de ce funeste massacre.
Le grand bassin qui reflétait comme un miroir le ciel normand tout chargé d’un troupeau de nuages pluvieux produisit sur nous une émotion beaucoup plus profonde et beaucoup plus authentique: le temps ici n’était pas oublié.
Quand à la mi-
La nature soudain s’égaya et nous gagnâmes à travers des haies bocagées la petite chapelle Saint Siméon à Sainte Honorine des Pertes.
“Sur le territoire de la paroisse de Sainte-
Lieu de pèlerinage, la tradition rapporte que les eaux de la fontaine Saint-
"Les vies de saints nous présentent plusieurs saints du nom de Siméon. Le Siméon qui nous intéresse ici fut moine à Syracuse (Sicile), dans une communauté plongée dans une si extrême pauvreté que l'abbé le dépêcha près de l'évêque de Rouen qui entretenait des relations étroites avec des Normands installés en Sicile où ils avaient construit une cathédrale. Mais l'évêque refusa tout subside. Siméon repartit, physiquement délabré, les pieds en sang. Il les baigna dans une source qui, miraculeusement, le guérit. C'est du moins ainsi que nous le conte la légende. Ayant quitté la région, il se fit ermite et mourut dans un trou de rempart à Trèves (Germanie). (...) Dans le Calvados, saint Siméon est invoqué pour les maladies de peau à Sainte-
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
Jusqu'à la Deuxième guerre mondiale, les fidèles venaient à la chapelle implorer saint Siméon pour obtenir la guérison des "fièvres": paludisme appelé "fièvre tremblante", fièvre de Malte, etc... Encore jusque vers 1960, les malades allaient boire l'eau de la fontaine, ou encore venaient y tremper leurs linges; on y baignait aussi les enfants rachitiques... Les demandes de messe ont continué de parvenir au presbytère de Sainte-
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Nous découvrîmes sur un panneau d’information que nous nous trouvions sur le site de deux mottes féodales attestant l’occupation des lieux dès le haut moyen-
Revenu en haut de falaise, nous aperçûmes le « nouveau » sémaphore de Port-
« Le premier sémaphore de Port en Bessin avait été implanté sur la commune de Huppain. En 1908, en raison d’éboulements importants de la falaise, il fut décidé de démonter le mât et d’évacuer le sémaphore.
Le projet de reconstruire un nouveau sémaphore dans l’environnement n’est alors pas retenu. Le sémaphore de Huppain est aliéné le 12 mars 1913 et disparait lors d’un éboulement de la falaise.
En 1938, on construit un nouveau sémaphore sur la commune de Longue-
Nous entrâmes en ville. Ce petit port de pêche est célèbre dans toute la Normandie. Tournée de tout temps vers la mer, d‘une tradition millénaire la petite cité « a conservé les traces d’un riche passé historique liée à la pêche. Mais cette activité n'a jamais été l'unique travail des portais. Nombre de traces écrites témoignent d'une activité marchande au cours des siècles : transport de beurre, de pommes, de pierres,... »
Le site de la mairie détaille ainsi son histoire:
Au XVe siècle, Louis de Harcourt, évêque de Bayeux, comprend l'intérêt du site pour favoriser le commerce de la ville, et fait creuser un premier port sur un domaine de l'Eglise. Mais l'ensemble, trop fragile et mal protégé, ne résiste pas aux tempêtes et à l'ensablement : les bassins sont alors comblés.
Bayeux perd ainsi son ouverture sur la mer, et le commerce décline : tanneries, fabriques de draps et d'étamines n'ont plus de débouché. Seuls quelques bateaux assurent le commerce du beurre et du cidre jusqu'à Rouen.
Au crépuscule du XIXe siècle, l'heure est au charbon ; les sacs de houille vont et viennent des côtes françaises aux côtes anglaises.
A la veille de la seconde guerre mondiale, se croisent encore dans le port les navires chargés de poissons et ceux chargés de charbon...
Le deuxième jour 12
Aujourd'hui, si les échanges de marchandises par voie maritime ne sont plus à l'ordre du jour à Port-
1er-
15 e siècle : Creusement d'un premier bassin portuaire sous l'égide de Louis de Harcourt, évêque de Bayeux .Comblement du port suite à la forte tempête de 1629 : extinction des échanges commerciaux (de beurre, chanvre, bois,...).
19e siècle : Réaménagement du port et construction de l'avant-
20e siècle : Aménagement d'un port pétrolier après le Débarquement des alliés en juin 44.
Installation en 1974 d'une halle à marée (dite criée) performante.
Sur le port on a élevé une statue symbolisant un pêcheur englouti par les eaux. L’inscription gravée à ses côtés est édifiante : Aux péris en mer :
« Depuis fort longtemps, l’activité halieutique rythme la vie de la cité portaise et contribue à son identité et à son authenticité ; elle est par ailleurs intimement liée aux rites maritimes. Ainsi, depuis 1908, le monde de la pêche perpétue à Port-
On vient souvent à Port en Bessin pour apprécier la qualité de ses restaurants de poissons. Il m’en restait un souvenir attendri d’être venu manger ici avec mon grand-
Surplombant la ville se dresse la Tour Vauban : « Le désastre de la Hougue, dont avait été victime la flotte de Tourville, ayant démontré, d`une manière péremptoire, la nécessité, pour la France, de posséder au cœur de la Manche un asile pour les vaisseaux battus par la tempête où poursuivis par l'ennemi, Vauban eut sérieusement la pensée de placer ce port de refuge à Port-
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Mais, en abandonnant Port-
In La tour Vauban à Port-
Depuis la tour, la vue qui s’offrait à nous sur les jetées du port était exceptionnelle. Situé en plein milieu du champ de bataille du débarquement entre les plages d’Omaha et deGold, le port y est activement défendu par les allemands :
« Au printemps 1944, la ville de Port-
Source https://www.dday-
Parvenu au sommet de la falaise, nous poursuivîmes en longeant sur le sentier des douaniers. Nous avançâmes en bordure de champs à l’aplomb de la falaise vers Longues Sur Mer prennat à rebours le chemin parcouru par les commandos anglais 70 ans plutôt jusqu’à un ancien sémaphore qui paraissait désaffecté celui. Nulle trace ici d’aucun officier de la Formation Opérationnelle de Surveillance et d’Information Territoriale.
Pourtant si, il y avait bien un habitant qui se confia à nous :
« L’ancien sémaphore de Longues construit dans les années trente au-
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Et c’est parce que son père était géologue, comme le fut son grand-
L’ancien éducateur y vivait depuis bientôt trois ans avec ses quatre enfants, deux garçons, deux filles. Il y avivait dans huit grandes pièces et une tourelle desservie par un petit escalier en colimaçon. C’est là que Pierre avait choisi d’installer son bureau de fortune, sa chambre à coucher. Il se souvient, en lorgnant sur la mer, y avoir vu un jour batifoler une colonie de dauphins gris et voler juste au-
Un vieux poêle à bois, crachotai une fumée grise. Il n’y avait toujours pas de chauffage central et il fait tout de même frisquet là-
Nous laissâmes le guetteur à ses contemplations. Passé le sémaphore, nous vîmes bientôt se profiler à raz des champs trois importants bunkers sur le haut de la falaise tournés vers la mer. Nous étions arrivés à l’imposante batterie de Longues-
Sous l’Occupation allemande, la construction d’une batterie côtière débute ici en septembre 1943. Les Allemands choisissent à cet effet le plateau surplombant les falaises à proximité du village de Longues-
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Néanmoins la suite du récit démontre à quel point fut acharnée la résistance des artilleurs allemands face à l’offensive alliée du 6 juin 1944 :
Du 28 mars au 3 juin 1500 bombes sont larguées par les avions aliées sans causer trop de dégâts. Dans la nuit du 5 au 6 juin, 604 tonnes de bombes sont de nouveau larguées par 99 quadrimoteurs. Bien que touchés à plusieurs reprises par des impacts directs, les murs des casemates, épais de deux mètres et conçus en béton armé, tiennent bon. La batterie reste opérationnelle.
Le cuirassé léger britannique HMS Ajax, faisant route dans la Manche au sein de la force navale G, reçoit la mission d’ouvrir le feu après le passage des escadrilles sur la batterie allemande de Longues-
Les artilleurs allemands réagissent en ouvrant le feu peu avant six heures en direction d’Omaha Beach, sans causer des dégâts sérieux. A compter de six heures vingt, la batterie de Longues engage le navire amiral de la force G (Gold Beach), l’HMS Bulolo, qui transporte l’état-
Plus tard dans la matinée, après des travaux rapides de réparation effectués par les artilleurs allemands, les canons de 150 mm ouvrent à nouveau le feu en direction d’Omaha. En réaction, les croiseurs français Georges Leygues et Montcalm ainsi que le croiseur américain U.S.S. Arkansas ripostent à leur tour et parviennent alors à détruire une pièce par un tir direct et endommagent deux autres canons. La batterie reste silencieuse jusqu’à ce que la quatrième pièce, rescapée des duels d’artillerie, ouvre à nouveau le feu au cours de l’après-
Le 7 juin, les Alliés lancent un nouveau raid aérien aux environs de 09h00 (à l’aide de sept escadrilles de B-
Source : https://www.dday-
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Pouvait-
Depuis l’impressionnante batterie de Longues-