NEPAL

Le 17 juillet 1978, en compagnie de F., nous parvenons à Kathmandu après un trajet éprouvant. Partis le 16 juillet en train de Varanasi, tôt le matin, nous avons fait halte à Raxaul, la ville frontière, dans un lodge plus que rudimentaire. Là, assaillis par les moustiques, nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit. Le lendemain après les formalités douanières d’usage, nous réussissons péniblement à investir un bus en partance pour la capitale népalaise, mais au beau milieu du trajet, la route est coupée par une coulée de boue de plusieurs centaines de mètres que nous devons franchir à pied. Les pluies de mousson ont emporté une partie de la route. Un autre bus, parti de la capitale, nous attend de l’autre côté du ravin. Ce n’est donc que très tard dans la nuit que nous débarquons sur la place principale du vieux Kathmandu. Basantapur Square est déserte à cette heure, ses pavés vernis par la pluie luisent sous les feux de quelques rares lampadaires disséminés à sa lisière. Les pagodes aux toits incurvés du Durbar Marg s'élèvent dans la nuit brumeuse comme autant d'étranges champignons. Hallucinés, nous alunissons dans un nouveau monde et, malgré la fatigue du voyage, je comprends instantanément que ces constructions qu'on croirait sorties tout droit de l’imagination d’un graphiste génial existent réellement. Cette première vision de Kathmandu marque le début d’une longue passion pour le Népal.