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Il n’espérait deux choses: que les enfants ne restent jamais au même endroit et surtout qu’ils s’enfoncent davantage en forêt  mais toujours en remontant le long du cours du Thar; la prairie que ne manqueraient pas d’explorer les troupes de Crotoy, beaucoup plus marécageuse, ralentirait passablement la progression de leurs  chevaux. Abandonnant son poste de vigie, Galfand parvint à retourner  à St Léger progressant à mi-pente à travers bois. Sur le chemin au dessus il entendit une escouade qui empruntait le passage supérieur  de la rive droite du Thar en direction de St Ursin.  Le lieutenant de Crotoy agissait finement pour tenter de prendre à revers la fuite des enfants qui gagnaient le plus profond de la forêt. Galfand se rua sur la grange  de Cétautimatok et faillit buter contre celui-ci qui en sortait. Tout de suite, celui-ci le tira à l’intérieur.

- Cache-toi, vite.  Vos têtes sont mises prix. Si un de ces crétins de villageois te remarque, je ne donne pas cher de ta peau.

A ce moment dans le lointain,  on entendit de nouveau le son étouffé de la trompe de Jacquouilles.

- Détache les chevaux, vite ! Il faut sauver les enfants !...

Cautimatok ne se le fit  pas dire deux fois. Mais alors qu’ils ressortaient  dans la ruelle, un sale vilain les surpris et se mit tout de suite à appeler à la rescousse. Sans hésiter, Cétautimatok  se saisit d’une fourche qui traînait là et, sautant sur un cheval, fonça transpercer le foie du gueulard qui s’en allait rameuter tout le village.

- Maintenant Galfand , je n’ai plus le choix, je t’accompagne …

Le menestrel  le regarda surpris. Mais il tourna bride tout de suite pour cavaler le plus vite possible  avec le forgeron  entraînant leurs deux autres chevaux pour voler au secours des fugitifs. Buba suivait leur folle chevauchée…

Lorsque Jacquouilles lança son deuxième coup de trompe, ils n’avaient guère progressé dans les  bois de plus de trois cent  pas supplémentaires. La rivière faisait maintenant un coude vers le Sud et les contraignait s’ils voulaient rester à couvert à se rapprocher du  grand chemin  qui coupait la forêt en deux et sur lequel circulaient nombreux soudards.  Ils entendirent alors les cris des soldats qui s’appelaient entre eux, rappelant les groupes qui s’étaient trop éloignés de la source sonore. Alors soudain, on entendit des aboiements encore lointains.  Cela glaça le dos de Flodoard qui  n’avait déjà pas chaud.


- C’est Buba ! tenta de les rassurer Jacquouilles.

-  Je ne crois pas, non, ce sont les chiens de l’Abbaye, les molosses de Trancrède. Ils les lancent sur nos traces.

- Il fait presque nuit, lança Alrun. Remontons par la rivière. Avec un peu de chance, marcher dans l’eau brouillera la piste et les saules au bord du ruisseau nous cacheront des cavaliers.

- Ne perdons pas de temps, le prochain appel risquera de toute façon de les recentrer sur notre  position. J’espère simplement que Galfand n’est pas loin…

Pendant ce temps, le ménestrel et son acolyte coupèrent au plus vite pour se rapprocher de l’aqueduc à proximité duquel  selon Galfand on avait émis premier appel. Il dévalèrent sans aucune précaution la route de St Léger jusqu’ au petit pont qui enjambait le Thar à l’endroit même où Tola, Cello et Jacquouilles avaient été interpelés par une patrouille alors qu’ils s’en retournaient au campement de la lande de Lessay. Buba les suivait à grand bonds  Ils ne franchirent pas le pont mais continuèrent tout droit sur le chemin qui remontait le long de la rive droite du Thar. Soudain à deux cent pas de là, ils discernèrent deux cavaliers venant de la petite colonie  où Galfand s’était installé pour surveiller les moines. Intrigués pas cette cavalcade dans la nuit qui surgissait vivement à leur encontre, ils s’étaient positionnés pour bloquer le chemin. Galfand n’hésita pas une seconde, il dégaina sa longue épée qui jeta un bref éclat dans la nuit. Cétautimatok l’imitant pointa sa fourche comme une lance. Ils ne ralentirent pas. Le choc fut terrible.  La fourche se planta dans le ventre du premier qui se brisa en le désarçonnant  et en l’envoyant valdinguer à sept pas, la tête du second qui tentait de s’interposer fut décollée par l’épée vengeresse et roula jusque dans la rivière laissant le corps du garde décapité encore rivé sur sa selle . Ils continuèrent dans leur élan quand ils parvinrent à l’embranchement de la colonie d’où descendait  une petite rivière formant un confluent. Alors, ils entendirent  les aboiements de la meute de Tancrède qui résonnaient en face dans les bois sur les hauts.

- Les chiens vont les trouver avant nous, hurla Galfand abandonnant toute prudence.

- Il faut remonter le chemin vers St Ursin ! conseilla le forgeron.



Retrouvailles